Le salon d’esthétique se trouve à Wellnessville, non loin de
Somewhereland. Il s’agit d’une petite agglomération que seuls les
habitants fortunés de Somewhereland fréquentent.
Marilyn arrive dans sa superbe Ford Thunderbird blanche de 1955,
la légende de l’oiseau de tonnerre raconte comment est née cette voiture,
suite à la visite de Henri Ford II en 1951 au Salon de l’Auto à Paris.
Ce dernier demande au styliste américain George Walker de Vees une
voiture de sport comparable aux européennes. Walker lui promet son
projet sous peu. Il faudra attendre que Chevrolet présente la Corvette
en 1953 pour que le projet Thunderbird soit réalisé dans l’urgence. Le
premier modèle apparut le 22 octobre 1954, il s’agissait d’un cabriolet
deux places.
Arrivée, Marilyn se gare face au salon d’esthétique. Elle remarque
que la vitre sur laquelle est écrit en grandes lettres roses « Lady First »
est légèrement embuée, ce qui veut dire que beaucoup de dames s’y
amusent. C’est pour cela qu’elle apprécie ce lieu, et de plus c’est un
endroit « Messieurs non admis ».
A peine ouvre-t-elle la porte, qu’une ambiance joyeuse mêlée de
rires se fait sentir. Tour à tour, Marilyn embrasse ses amies, raconte une
blague, écoute les derniers potins de Somewhereland, mais rien ne filtre
à propos de James et la voilà en quelque sorte soulagée. Cela dure un
bon moment, il est agréable de prendre l’ambiance du salon, avant de
convenir des soins.
Marilyn privilégie cet endroit pour son bien-être, ayant déjà
beaucoup voyagé, aucun centre d’esthétique n’est comparable à celui-
là.
Marilyn pense que James n’est pas connu dans le milieu
cinématographique, ce qui lui fait douter de lui, mais il lui est agréablede passer du temps en sa compagnie. Dans un coin du salon, entourée
de ses amies, Marilyn raconte brièvement sa mésaventure et écoute les
divers avis de ses auditrices. Bien sûr, elle devra faire la part des choses
et ne pas se prendre la tête.
Quand le calme sera revenu dans son esprit, elle sait qu’elle prendra
la bonne décision. Marilyn réfléchit beaucoup avant d’agir, au fond
d’elle, elle aime James passionnément. Les moments passés ensemble
lui reviennent en mémoire. Elle est songeuse, mais pas triste.
Le salon est un lieu unique dans un environnement calme et arboré.
La directrice s’empresse d’accueillir chacune de ses clientes.
Cet endroit est grand, spacieux, climatisé, tout y est centré pour le
confort de ces dames.
Le plaisir est d’offrir un maximum de bien-être dans un cadre
poétique et élégant; les couleurs des murs sont douces, le sol est
recouvert dans les allées principales d’un tapis clair moelleux, où chaque
pas donne l’impression de s’y enfoncer plus encore.
Le rez-de-chaussée se compose d’un hall d’entrée et d’un grand
salon où chacune peut boire, parler, lire, bref se sentir déjà bien avant
de commencer ses soins. Le tout est agrémenté de plantes vertes. Sur le
toit de l’immeuble un solarium, ci et là des chaises longues recouvertes
d’un coussin rose clair, et protégées par des parasols pour celles qui ne
veulent pas trop prendre le soleil.
Voilà Marilyn installée au rez-de-chaussée dans un canapé amusant,
de structure d’acier aux couleurs ivoire et noire, garni de coussins de
cuir noir et dont les accoudoirs sont en chrome.
Elle indique sur une feuille, les soins qu’elle désire et le temps de
choisir un magazine, Claudia, originaire d’Europe, ayant un savoir-
faire sans pareil, habituée aux vœux de Marilyn, vient s’occuper d’elle
et la dirige vers la cabine « bleue », celle qui ressemble à une île.
Marilyn souhaite rentrer pour le dîner car elle désire malgré tout
voir James.
Elle choisit de se détendre d’abord dans le sauna et se laisse aller au
plaisir des douces mains de son esthéticienne Claudia qui lui masse le
corps avec des huiles essentielles venues d’Amérique du Sud.
L’air lui semble léger, le temps s’écoule agréablement, l’ambiance
ouatinée lui fait oublier l’attitude désinvolte de James. Son esprit se
libère de la tension occasionnée et du stress subi. Que le temps passe
vite quand on se fait du bien.
Déjà, Claudia lui annonce que les soins sont terminés et lui propose
une collation avant de prendre le volant. Marilyn apprécie le fait d’être
prise en charge et de pouvoir se relaxer.
Sans trop de hâte elle s’habille, puis bavarde encore quelques temps
en compagnie de ses amies et rentre chez elle.
L’atmosphère lui paraît sereine. James est là et comme si rien ne
s’était passé, il l’accueille, l’embrasse et lui présente une coupe de rosé
avant de passer à table.
Le repas se passe en toute tranquillité.
Mrs. Murray soigne ses présentations car elle sait qu’on mange
aussi avec les yeux.
Tous deux montent dans la chambre. Marilyn feuillette quelques
revues de mode et James un journal automobile. Vu l’heure tardive,
ils s’endorment rapidement mais cette fois-ci. Marilyn tourne le dos à
James, une façon de lui faire comprendre qu’il ne faudra plus reproduire
cette attitude déplaisante.
Le lendemain matin, James quitte le domicile de Marilyn dans son
Aston Martin décapotable, comme à son habitude.De son côté, Marilyn assise dans sa véranda lit les journaux déposés
sur la table par sa gouvernante.
Elle ne sait pas où James se rend chaque jour, mais décide de ne pas
poser de question, c’est à lui de lui dire la vérité sur ce qui la taraude.
Quant à Mrs. Murray, elle s’active à nettoyer la chambre à coucher.
Elle trouve près du lit la photo d’un homme d’une quarantaine
d’années, cheveux gominés et dont les yeux sont cachés. Elle s’empresse
d’apporter cette photo en noir et blanc à Marilyn. Voici que celle-ci
se pose d’autres questions : qui est-ce ? Pourquoi les yeux sont-ils
masqués ? Que fait cette photo sur le sol de la chambre ?
Mais qui est réellement James se demande alors Marilyn ?
Un peu inquiète de cette histoire, elle téléphone à son ami
Alfred Hitchcock, fameux cinéaste anglais, naturalisé américain, qui
a réalisé de nombreux films à suspense parmi lesquels « L’Inconnu du
Nord Express (1951) », « La Mort aux Trousses (1959) » et d’autres
encore.
Sans délai, Alfred lui fixe un rendez-vous dans l’après-midi au
« Café des Artistes », C’est un endroit parfait pour les personnalités
connues qui veulent se retrouver sans être importunées.
La lumière tamisée donne une impression de volupté et permet à
chacun de s’isoler pour une conversation et d’être à l’abri des regards et
des oreilles mal intentionnées. Tous deux assis autour d’une table basse,
et encadrés de fauteuils dont les dossiers assez hauts donnent un réel
confort où chacun ne remarque plus la présence d’autrui.
Ces fauteuils recouverts d’un velours rouge rubis donnent à
l’ensemble une touche de chaleur.
Le personnel ne peut se permettre de raconter qui y vient, tout
doit rester secret, sous peine de perdre leur emploi. Ce travail convient
évidemment à des personnes de confiance.
On y sert principalement des boissons non-alcoolisées dans des
verres en cristal de couleur. Tout en cet endroit n’est que finesse.
Arrivée quelques minutes après son ami Alfred, Marilyn se
dirige droit vers la table où il se tient. Tous deux s’embrassent et sont
visiblement contents de se revoir. Ils attendent d’être servis pour
entamer le sujet pour lequel elle lui a demandé cette entrevue.
Marilyn lui raconte son aventure avec James, sa disparition durant
la nuit et lui montre la photo en noir et blanc. Hitchcock ne connaît ni
James, ni l’homme sur la photo. Marilyn se sent mal à l’aise, prise d’un
sentiment de panique, aurait-elle laissé entrer chez elle un individu
louche ? Elle qui aspire à une vie amoureuse égale à un conte de fées.
Alfred ne peut malheureusement réellement l’aider mais en cas
de problème, il suffit à Marilyn de lui téléphoner pour qu’il fasse le
nécessaire pour sa sécurité car il connaît des gens à même de surveiller
quelqu’un en toute confiance et en toute discrétion. Un peu soulagée
d’avoir pu se confier, Marilyn le remercie d’avoir prêté une oreille
attentive à cette histoire.
Elle raccompagne Alfred jusqu’à sa superbe Bentley Continental
Air de 1954, qu’elle admire pour sa beauté et son confort des plus
agréables pour un coupé de quatre places.
Tous deux rentrent à leur domicile respectif, Marilyn lui ayant
promis de le tenir au courant de la suite des évènements.
Arrivée devant son perron, la voiture de James est là. Que faire ?
Lui dire que quelque chose cloche ou faire semblant de rien ? Elle
décide de rentrer comme si de rien n’était. James, toujours courtois,
l’accueille, mais Marilyn sent un frisson le long du dos lorsqu’il
l’embrasse.Elle ne voit plus James comme l’homme séduisant d’y il a quelques
mois, mais comme un inconnu avec qui elle a partagé de très bons
moments. Maintenant James lui fait peur. Une peur qu’elle ne peut
contrôler, une peur qui la fait douter de James, une peur qui l’envahit
doucement. Elle souhaiterait qu’il rentre chez lui pour l’instant, bien
que les moments magiques passés en sa compagnie ont toujours été
merveilleux. Pour elle, c’est un véritable dilemme.
Ils partagent le repas préparé par Mrs. Murray. Marilyn, pour la
première fois depuis leur rencontre demande à James de rentrer chez
lui pour cette nuit car elle prétend ne pas se sentir bien, en réalité elle
est inquiète. James ne comprend pas, il l’implore de le laisser rester
mais en vain. Le cœur triste, James rentre chez lui mais lui promet de
revenir bien vite pour prendre de ses nouvelles.
Ce soir-là, Marilyn téléphone à son ami le Président John Kennedy,
élu le 9 novembre 1960, succédant au Président Eisenhower et rival lors
des élections de Richard Nixon. John Kennedy est le premier président
catholique démocrate des États-Unis.
Il se retrouve actuellement dans sa superbe maison de vacances,
en compagnie de sa famille. Cette demeure se situe sur les hauteurs de
Somewhereland. Unique en son genre, elle domine la ville, et de part
et d’autre les larges baies vitrées permettent d’apprécier l’ensemble de
Somewhereland d’un seul regard.
On y accède par une route très sinueuse, bordée de palmiers cactus,
du nom de Joshua tree, l’arbre de Josué. D’après les Mormons, ces arbres
ressemblent à un homme en pièces, ce qui n’empêche pas de rendre le
paysage agréable car en y arrivant, on peut voir la mer turquoise qui
donne à l’ensemble un aspect féerique. Plus on est près du sommet de
la colline, plus Somewhereland ressemble à un village miniature, même
les lettres dorées paraissent toutes petites mais continuent de lancer des
étincelles face au soleil.
Généralement, la famille Kennedy vient s’y reposer mais cette fois,
c’est suite à la visite que le Président a faite à Berlin où il a prononcé
son discours à l’hôtel de ville de Schönberg dont la célèbre phrase « Ich
bin ein Berliner », car il croit en la réunification des deux Allemagne.
Assez fatigué par ce périple, le président Kennedy invite Marilyn à
venir dans sa maison de campagne. Elle pourra lui faire part de son
histoire avec James.
Le lendemain vers 15 heures, il enverra son chauffeur personnel.
Marilyn se sent soutenue et rassurée. Elle connaît bien le Président
ainsi que son épouse Jacqueline, leurs enfants et sait surtout qu’elle
sera aidée et réconfortée, ce qui est très important. Elle veut savoir ce
qu’il en est de la vie de James et pourquoi cette photo se trouvait à son
domicile.
Fatiguée et ayant du mal à s’endormir, elle avale un somnifère, et
finit par passer une nuit calme. Le lendemain, Marilyn, s’installe pour
le petit déjeuner à son endroit favori et se consacre à l’actualité. Elle
souhaite aussi savoir si on parle d’elle. Délicatement, de sa main droite,
elle tient sa tasse de café et de la gauche déplie un des journaux pris
sur le tas.
Quelle n’est pas sa surprise de voir à la une des journaux, la photo
de l’homme, trouvée dans sa chambre et figurant actuellement en
première page et en gros titre : « Assassiné d’une balle tirée à bout
portant », ce qui laisse croire que la victime connaissait son assassin,
un probable règlement de compte. Elle lit la phrase suivante : « Trace
de feu de poudre sur la peau du front avec brûlure et éclatement du
crâne au niveau du cervelet », décrite par le journaliste d’une manièreassurée, ne laissant aucun doute au lecteur sur la véracité de l’affaire.
Jamais, Somewhereland n’a connu de tels faits, c’est pourquoi tous
les journaux donnent la priorité à l’évènement. Marilyn se demande ce
que James pourrait avoir à faire avec cette sombre histoire. Elle ne sait
pas si elle doit lui dire qu’elle est en possession de cette photo.
Énervée de ce qu’elle vient de lire, elle téléphone au Président et
lui explique que la photo en sa possession représente le cadavre en
première page des journaux. « Sale affaire », pense le Président, qui
probablement dirigera cette enquête vers le FBI (Federal Bureau of
Investigations), service des États-Unis chargé de la police fédérale.
A quinze heures précises, le chauffeur du Président vient chercher
Marilyn. Celle-ci est superbement habillée, d’une robe créée par
Paco Rabanne, ainsi que des bijoux et des broderies géantes représentant
un bouquet de fleurs qui lui vont à ravir.
Le chauffeur roule à son aise le long de la route qui mène à la
maison de campagne des Kennedy, ce qui laisse à Marilyn le loisir
d’admirer la vue qui à chaque fois l’émerveille. Elle imagine laisser
derrière elle, une ville devenue toute petite, habitée par des enfants
comme une énorme cour de récréation où chacun y trouve un peu de
bonheur. Elle est rêveuse.
Marilyn connaît cette route par cœur. Goudronnée il y a peu, puisque
peu fréquentée, certains virages étaient dangereux mais heureusement,
jamais il n’y a eu d’accident. Quelques touristes l’empruntent espérant
peut-être apercevoir le Président, sa famille et pouvoir ainsi les prendre
en photos, mais heureusement, de grands arbres bordent la propriété
qui jouit dès lors d’une certaine intimité.
Arrivée chez ses amis, Marilyn est accueillie par Mr Cooke, le
butler de la famille, un homme de courte taille, bien de sa personne,
jovial et connaissant autant les habitudes de ses employeurs que celles
de leurs amis.
C’est ainsi qu’il arrive à la rencontre de Marilyn avec un verre
d’eau glacée afin qu’elle se rafraîchisse.
Marilyn pénètre dans la belle demeure, le mobilier y est de style
européen, peu banal à cet endroit. Un grand hall d’entrée, pavé de
dalles noires et blanches au milieu duquel jaillit une fontaine, donnent
une impression de fraîcheur très agréable.
Les enfants Kennedy la connaissent bien, ils courent les premiers
la saluer, puis viennent Jacqueline et John. Tout ce petit monde passe
au jardin après avoir traversé une salle à manger lambrissée et un living
somptueux. Le tout est inondé du soleil de l’après-midi et reflète une
image tranquille et sereine, comme si pour quelques instants le temps
s’arrêtait sur ce tableau.
Arrivés au jardin, les enfants se disputent les divers jeux mais
finissent par arriver à un accord ce qui fait rire tout le monde.
Les Kennedy et Marilyn s’installent à une table dressée pour
l’occasion, sous un magnifique palmier qui leur procure toute l’ombre
dont ils ont besoin, juste assez pour ne pas avoir trop chaud.
Mrs. Green, la gouvernante, vient leur apporter des boissons : du
jus de citron, d’orange, de pamplemousse fraîchement pressés, le tout
accompagné de ses fameuses cookies au chocolat, faits maison. Tous se
régalent de bon cœur.
Le temps passe agréablement pour tous et, déjà s’annonce la soirée.
Le coucher de soleil est magnifique. De là-haut, il donne l’impression
de descendre sous l’eau et Marilyn ne peut s’empêcher de faire quelques
clichés, tant ces moments sont beaux, même répétés chaque jour, ils
sont toujours différents.On y voit le soleil devenir de plus en plus rouge au fur et à mesure
de sa lente et majestueuse descente, et l’eau virer vers un bleu turquoise
profond. Quelques yachts s’activent vers la marina.
Mrs. Green s’occupe des enfants, de leur souper, de leur bain et
de les mettre au lit. Bien sûr, elle n’oublie jamais de leur raconter une
histoire gentille avant qu’ils ne s’endorment ou différentes blagues
amusantes dont elle a le secret et qui les font rire à gorge déployée.
L’attitude positive des enfants envers la gouvernante permet de
comprendre qu’elle est appréciée.
Maintenant Marilyn veut entamer le sujet pour lequel est venue.
Elle montre à John et Jacqueline la photo trouvée par Mrs. Murray
près du lit et ensuite les articles dans les divers journaux où le fait est
relaté.
Marilyn raconte ses moments heureux avec James, et son absence de
dialogue lorsqu’il est rentré le matin sans explication. Elle ne comprend
pas pourquoi il ne lui a rien dit à ce sujet et s’il y a un rapport entre lui
et cette sordide affaire. Marilyn craint pour l’avenir de sa relation avec
l’homme qui a fait ses beaux jours. Du fond du cœur, elle espère qu’elle
apprendra la vérité sur James, qu’il n’est pas impliqué dans ce scandale
et que leur amour, malgré tout, perdurera.
John décide de téléphoner à son ami, Robert Smile. Son surnom
Smile, lui vient de ses amis, car Robert sourit presque tout le temps,
ce qui laisse apparaître de superbes dents blanches alignées comme des
perles, et a pour effet de faire succomber à son charme bon nombre de
dames. Il est le meilleur agent du FBI. Robert est un homme dans la
trentaine, il a fait de brillantes études à Boston et malgré son âge, il a
déjà une solide expérience dans le domaine du crime. Il est le fils d’un
célèbre enquêteur, ce qui signifie qu’il est tombé « dedans » au berceau,
donc pour lui, chaque affaire, même difficile, doit avoir des résultats
car il y a toujours, d’après lui, quelque chose qui coince : une empreinte
sur un verre, une boîte d’allumettes avec une adresse négligemment
tombée entre les coussins d’un fauteuil, une balle de revolver dans un
mur, et bien d’autres indices, le tout est de trouver celui qui permet de
démarrer une enquête.
Le Président lui demande de venir les rejoindre pour expliquer
l’affaire de « l’homme assassiné » relatée en première page des journaux
et dont la parution a fait le tour de l’Amérique afin d’essayer d’identifier
le mort.
L’ambiance malgré tout reste détendue. Tous sont assis autour
d’une table garnie de boissons et de fruits fraîchement coupés. Il a
fallu à Robert peu de temps pour rejoindre la demeure des Kennedy
et faire ainsi la connaissance de Marilyn. Elle écoute avec attention
tout ce qui se dit et répond aux questions posées en tentant de donner
un maximum d’indications ce qui fait gentiment sourire Robert car
elle donne l’impression d’être rêveuse. En fait, elle se concentre pour
essayer de se remémorer le film de cette histoire et son air faussement
absent lui permet de rester calme, systématique et claire.
Il se fait tard, mais Marilyn ne peut refuser l’invitation à souper
des Kennedy, sachant que le repas et l’ambiance sont toujours fabuleux,
des rires et des fous rires à table, une ambiance chaleureuse, mettant au
placard les tracas du moment.
Robert de son côté est déjà rentré chez lui
Vers vingt-deux heures, le chauffeur du Président raccompagne
Marilyn chez elle où l’attendent avec impatience Mrs. Murray et Maf.
Ce dernier est toujours aussi joyeux lors des retrouvailles, aussi brèves
eussent-elles étées.Mrs. Murray lui annonce que James n’est pas revenu depuis la
veille. Lorsque le téléphone sonne et qu’elle décroche, elle entend une
respiration forte et rapide à l’autre bout du fil, et ensuite, on raccroche.
Cela lui paraît être une forme d’espionnage pour probablement savoir
si Marilyn est chez elle seule ou non, suggère Mrs. Murray. Marilyn
laisse entendre qu’il se pourrait que ce soit James qui voudrait lui parler
mais n’ose pas laisser de message à sa gouvernante. Cela pourrait être
encore autre chose ... oui, mais quoi ?
Qui pourrait ainsi en vouloir à Marilyn ? Cela ne se peut pas,
pense-t-elle, elle cherche à garder à tout prix une certaine sérénité
quant à sa vie privée.
Cette nuit, elle n’est pas à l’aise et demande à Mrs. Murray de
laisser les lumières allumées dans les couloirs, d’éclairer la piscine et les
allées.
Marilyn, pensive, appuie son front contre la grande vitre de sa
fenêtre. Il fait un temps magnifique, c’est la pleine lune et les étoiles se
dessinent nombreuses. Tout à Somewhereland est spectaculaire.
Tout à coup, Marilyn aperçoit une ombre près de sa piscine. Elle
ouvre sa fenêtre et crie : « qui est là ? ». Mrs. Murray alertée par
Marilyn, court voir ce qui se passe mais trop tard, l’ « ombre » a disparu.
Marilyn fait immédiatement appel à Robert, dont le Président lui a
donné la ligne personnelle pour lui expliquer ce qui vient de se passer.
Étant donné que le trafic est réduit à cette heure, en très peu de
temps, Robert est sur les lieux. Rien n’est abîmé à première vue et
il demande à rester la nuit pour la protéger. Marilyn lui montre la
chambre d’amis, toujours prête à accueillir des familiers.
C’est une belle chambre, simple, pas très grande, comprenant un
lit double, deux tables de chevet, une armoire et un superbe lustre en
verre de Murano, plein de couleurs et de vie ce qui donne à la pièce
toute son originalité.
Cette chambre est voisine de celle de Marilyn.
Marilyn et Mrs. Murray passèrent une courte et mauvaise nuit,
irritées par ce qui leur arrive et ne comprenant pas pourquoi suite à la
rencontre de Marilyn et James, tant d’évènements se produisent. Elles
se demandent quel rapport il peut bien y avoir entre les faits.
Dix heures du matin, Marilyn lit les journaux mais rien de plus
dans l’actualité à propos du fait divers troublant. Tout à coup, le
téléphone retentit. Mrs. Murray s’empresse de décrocher, c’est John. Il
demande à parler à Marilyn. Il veut l’informer de l’affaire mais pas au
téléphone, c’est pourquoi il lui propose de lui envoyer son chauffeur
d’ici peu. John est au courant de ce qui s’est passé la veille car Robert lui
a téléphoné tôt ce matin et s’est rendu ensuite à son bureau pour voir
si parmi les photos que possède la police, il pourrait trouver celle de
l’homme assassiné. Lui aussi est prié de se rendre chez John en même
temps que Marilyn.
Robert arrive avant Marilyn, ce qui lui permet de faire part de
quelques soupçons qu’il a sur un éventuel trafic de drogue, règlement
de compte, blanchiment d’argent et assassinat. Quelque chose lui dit
que c’est dans cette voie qu’il doit progresser.
Peu après, Marilyn arrive, vêtue d’une robe d’été en voile clair,
fleurie de couleurs vives, elle porte des chaussures à hauts talons
assorties. Comme de coutume, elle est ravissante. Lorsqu’elle s’avance,
la lumière passe au travers de ses vêtements et dévoile avec grâce un
corps parfait.
Robert est sous le charme de Marilyn, toujours aussi magnifique.
John et Jacqueline, souriants, les reçoivent au jardin. Cette fois, lesenfants sont partis se promener avec leur gouvernante car l’entretien
doit rester secret.
D’après les premières recherches de Robert, l’homme sur la
première page du journal ferait partie d’un projet qui consistait à
assassiner Marilyn et John, lors de la prochaine soirée d’anniversaire du
Président où Marilyn serait la vedette pour chanter « Happy Birthday to
you, Mr President ».
La musique de cette chanson fut composée en 1893 par Mildred
Hill qui était enseignante et pianiste. Sa sœur Patty, aussi enseignante,
composa le texte qui, à l’origine souhaitait la bienvenue à ses élèves de
classe : « Good morning to you, good morning to you, good morning dear
children, good morning to all ».
Mais quel rapport entre le Président et Marilyn et pourquoi ?
L’homme serait un certain Osborgh, habitant en dehors de
Somewhereland, un endroit lugubre, mal famé et fréquenté par des
gens de mauvaise vie. Cet endroit est éloigné de Somewhereland et fort
heureusement séparé par une grande forêt car ces gens-là ne sont pas
les bienvenus à Somewhereland.
Les questions fusent : pour qui travaille ce Osborgh, pourquoi
a-t-il été assassiné et par qui ? Demande le Président.
Pour Marilyn tout cela ressemble à un très mauvais rêve, elle se
demande si cette affaire va rapidement s’arrêter et quand elle reverra
James pour qu’enfin il lui dise la vérité. De manière fort intéressée, elle
écoute les conseils et les avis de Robert et le jugement que le Président
porte sur les diverses propositions pour garder cette histoire le plus
possible dans l’ombre, craignant que les médias n’ébruitent des faits qui
pourraient conduire cette affaire à évoluer vers une issue défavorable
pour Marilyn et John.